D’un chant à l’autre : retour en vidéo !

Avant d’interpréter son concert « Du fond des âges » le 17 mai 2025, devant un public venu célébrer les 20 ans du Festival de la Voix de Châteauroux, Fanny Perrier-Rochas a été la figure de proue de ce vaste projet.

Tout commence à devenir concret en mars 2025 lorsque, après plusieurs mois de mise en place, Fanny Perrier-Rochas vient pour la première fois à la rencontre des Castelroussin·es. En répondant à l’appel à projet de la Région Centre-Val de Loire, le Cepravoix souhaitait aller plus loin dans sa démarche : « En explorant la pratique artistique vocale non plus comme pratique seule mais comme lien social, l’envie était celle d’un ancrage plus fort dans la vie de la cité et la rencontre de nouveaux publics. L’acte artistique est un prétexte pour se rencontrer, et le faire à travers la personnalité de Fanny semblait une évidence » explique sa directrice Céline Morel. Le Cepravoix s’est pour cela entouré de partenaires locaux : le Centre Communal d’Action Sociale (CCAS), les ateliers « Passerelle » du Contrat Local de Santé de Châteauroux Métropole et l’école primaire Jules Ferry. C’est ainsi que Fanny Perrier-Rochas a pu rencontrer à différentes occasions, entre mars et mai, une dizaine de personnes âgées, une vingtaine de personnes en situation de vulnérabilité et 46 enfants du CE2 au CM2. « Ce qui me tient à coeur c’est de créer des liens car vibrer et résonner ensemble nous aide à mieux nous entendre. Cette démarche s’inscrit dans quelque chose que je porte depuis longtemps, observe Fanny, mais les dimensions nouvelles qui sont aussi les réussites de ce projet résident dans ces aspects : le travail dans la durée, sur un même territoire et avec des publics très différents. »


© Max of Pics

« Je repense tout de suite à Gisèle… » sourit Géraldine Massicard, animatrice coordinatrice au CCAS Châteauroux. Connue par la structure via la livraison de repas à domicile, elle est la dernière personne à avoir reçu Fanny chez elle pour un concert de très grande proximité. « J’ai assisté à un moment suspendu quand Gisèle écoutait Fanny chanter. La gratitude et la reconnaissance dans ses yeux étaient si belles… Les deux femmes ont partagé une émotion très forte. » Ces concerts à domicile ont offert de beaux moments à des personnes âgées isolées. Fanny a pu les surprendre grâce à ses chants syriaques, les émouvoir en s’adaptant à leurs envies et en étant simplement là, avec elles. « La musique décuple les émotions, c’est très gai mais les difficultés de la vie ne sont jamais loin non plus. Très humaine et généreuse, Fanny est la personne parfaite pour accompagner cela » conclut Géraldine.


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En mars, Fanny est aussi venue à la rencontre des participant·es de l’atelier Passerelle, un espace ouvert à tous·tes, gratuit et sans inscription. Ici, des personnes de tous âges aux parcours de vie parfois difficiles se retrouvent pour peindre. Artiste peintre animateur de l’atelier, Jean-Marc Le Bruman rappelle que « pour ces personnes dont le rapport au corps et aux émotions est parfois blessé, il peut être difficile d’aller à la rencontre de leurs sensations ». Mais Fanny a su les rencontrer : en proposant de petits échauffements comme elle les pratique en tant que chanteuse, puis en déambulant en chantant pour accompagner leur geste artistique. Il s’agissait de voir comment le chant peut faire écho dans l’art plastique. « Cette expérience était nouvelle, déroutante et très positive, se réjouit Jean-Marc. Elle a offert des émotions à des personnes qui ne sont pas dans la consommation de divertissement ; on est vraiment là dans le « prendre soin » grâce à l’art, ce qui donne encore plus de valeur au projet. »


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En plus de ces volets imaginés avec les secteurs sociaux-médicaux, un troisième volet éducatif s’est construit. Pour Nicolas Robin, conseiller pédagogique départemental en éducation musicale, les enjeux étaient nombreux derrière ce modeste projet : « Nous constatons combien le tactile supplante le sensible, combien le virtuel détruit le réel… Grâce à des ateliers de sensibilisation à l’environnement sonore, à la collecte de textures, à la découverte d’un instrument qu’est la harpe, la démarche était à la fois artistique, philosophique et citoyenne. » Fanny complète : « Nous avons pu travailler la présence au son du vivant et faire un grand pas dans l’approche de la musique. La réussite a été de passer de « je n’aime pas » ou « je ne connais pas » à une présence musicale plus intuitive et spontanée, dans un rapport sensible. C’est devenu un jeu, tout de suite mélodieux grâce à la harpe, auquel les enfants se sont prêtés avec joie ! »


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Lié au Festival de la Voix, ce projet a permis de créer de nouveaux et véritables liens sur le territoire. Il ne s’agissait plus simplement pour le CCAS de prêter des locaux ou pour les enfants d’assister à un concert, mais bel et bien de faire partie de cet événement de la vie locale. D’un point de vue plus individuel, les personnes isolées ou éloignées de la culture rencontrées par Fanny ont montré une grande reconnaissance. Elles ont toutes été très touchées par la considération qu’on leur a porté à cette occasion, par la démarche faite de venir jusqu’à elles, pour elles.
Des liens d’humanité se sont noués. La chrysalide du projet s’est métamorphosée en musique, battements de coeurs, sourires et souvenirs échangés. Des liens aussi forts qu’impalpables.


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« Je suis très reconnaissante au Cepravoix d’avoir construit ce projet dans un contexte où l’on enlève de l’argent public pour ce genre d’actions. Cette partie invisible du festival a été aussi enrichissante et nourrissante que sa partie visible. »

Un article d’Anaïs Andos

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